mardi 23 septembre 2014

les échecs à l'école maternelle

Le jeu d’échecs est un jeu réputé difficile. Pourtant, j'ai mené ce travail dans ma classe de GS pendant 7 ans.
 
J'en garde un souvenir inoubliable et la ferme conviction d'avoir permis aux enfants pourtant très jeunes d'aborder, dans l'enthousiasme et l'intérêt jamais démentis, des notions très importantes et des compétences, à la fois basées sur le sens et aquises dans le plaisir du fonctionnement intellectuel. Eh oui! Je vous propose de vous lancer et d'utiliser à votre tour ce support pédagogique dès la grande section de l’école maternelle! Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire d’être un grand champion pour utiliser un tel support. Par contre, il est évident que l’enseignant doit avoir un minimum de connaissances, c’est- à dire qu’il doit connaître les règles du jeu, le déplacement des différentes pièces, avoir quelques notions stratégiques…               
Il est évident que la réputation du jeu d’échecs n’est pas usurpée car:
• d’une part le jeu comporte 6 types de pièces (pions, fous, cavaliers, tours, dame et roi). Chacune a un déplacement et un rôle différents
• d’autre part, il requiert à la fois une vision analytique et synthétique de l’espace, une prise en compte des actions de l’adversaire, un esprit logique et une anticipation permanente, autant de compétences qui participent au traitement de l’information.
 
Le jeu d’échecs a été l’objet de très nombreuses études y compris de la part de psychanalystes.        
 
La symbolique du jeu est particulièrement intéressante. Le "roi des jeux" permet toutes sortes d’identifications /projections. En effet, le joueur s’identifie à la pièce qu’il va jouer. Le pion est “monsieur tout le monde”....mais il porte en lui toute l'espérance de l'ascension sociale et spirituelle par le fait qu'il peut s'élever au plus haut niveau en devenant une dame! Le cavalier est un pourfendeur bondissant qui se rie des obstacles et excelle dans les échecs doubles ou triples. Le fou surprend les “conformistes coincés”. Il ne circule que sur une seule couleur de l'échiquier et ne voit donc qu'une face des choses. La tour, inexpugnable comme un roc, marque la stabilité, la permanence, la sécurité. La dame représente le premier ministre, la mère ou l’épouse selon le registre dans lequel on situe l'échiquier. Le roi est le Chef, celui qui gouverne, mais c'est aussi le père, le “moi idéal”. Mais ne nous y trompons pas, c'est la dame qui mène le jeu! Tout comme c'est la mère qui au final autorise le père à prendre sa place auprès de l'enfant , tout comme ce sont les femmes qui ont fait l'histoire. Le but du jeu est de tuer le roi adverse en réalisant l’échec et mat, pas difficile dès lors d'y voir une situation Oedipienne (tuer le père). Le jeu d’échecs est très violent. Mais ce n’est pas la guerre. La partie se joue sur un terrain symbolique, socialisé, quadrillé, délimité. On ne tue pas... on prend! Ces prises satisfont la pulsion d’agressivité. Le passage du soldat au pion, remplacement de “l’objet”, est le fondement du mécanisme de sublimation. Jouer au jeu d’échecs, c’est contrôler sa force, c’est se mesurer à l’autre par la médiation du symbole dans toute la puissance qu’il véhicule. La règle s’impose à tous ! Il n’est donc pas étonnant que dans certaines banlieues difficiles de New York, on ait utilisé le jeu d’échecs pour tenter de remédier aux problèmes de violence…

texte extrait du site d'Yvan Raymond, cliquer ici pour consulter le site